samedi 2 avril 2011

Les enfants de mes voisins

L'autre soir, nos voisins du Nord, qui avaient déjà participé activement à gâcher mon joyeux Noël , nous ont demandé si on pouvait garder leurs deux enfants, le temps que madame accouche du troisième (elle se faisait déclencher le lendemain matin). 
Comme nous savons faire semblant d'être de nature serviable, parce que ça se passe comme ça dans la vraie vie, nous avons accepté sans sourciller (en vérité, moi, j'ai beaucoup sourcillé mais après on va dire que je suis méprisante et arrogante avec les gens du Nord).


Ils sont arrivés le lendemain à 8h, avec un sac de voyage, les doudous et une couverture. Alors là, j'ai eu comme un affreux doute sur les termes de notre accord, mais mon compagnon, un homme superbe et profondément gentil, m'a fait taire d'un regard éloquent. Il est très fort, quand même.


Voici qui sont les enfants de mes voisins, que je n'oublierai jamais. Mais au cas où ça arriverait, j'aurai noté mon ressenti sur le vif ici même.


La blondinette de cinq ans, que nous appellerons Sue-Ellen* pour situer de manière honteusement caricaturale et hautaine les influences culturelles de sa parentèle, n'a pas, et n'aura certainement jamais, un air à avoir inventé le fil à couper le beurre. En sus de sa physionomie d'ahurie, elle souffre d'une diction un peu chaotique et coupe ses mots pour prononcer des "haaa", (exemple: "brico-haaa-lage"). C'est très lassant, surtout le coup du "h" aspiré. Elle souffrait en plus ce jour-là d'un encombrement nasal verdâtre assez conséquent. Heureusement, elle avait un "nin-nin" (nom d'une petite serviette éponge ikéa dans le Nord?) pour essuyer sa lippe morveuse. Quand elle n'avait pas son "nin-nin", elle s'essuyait le nez avec les doigts qu'elle séchait ensuite sur son tee-shirt rose.
Comme elle était malade, elle avait des "médica-haaa-ments" et au doigt, elle avait un "cana-haaa-ri". Avec le recul, c'était peut-être bien du liquide céphalo-rachidien qui s'écoulait de son nez, ceci expliquant cela.


Et puis elle a fichu des bouts de papier et des paillettes partout, cette cochonne, parce qu'elle avait ramené une sorte de kit de bricolage de Pâques trouvé à Lidl ("-haaa-nan c'est pas du brico-haaa-lage.  C'est des -haaa-ctivités"). Well well well! j'aurais pu dire dans ma nouvelle langue.


Son frère de sept ans, que j'appellerai Marcel Proust*,  histoire de me moquer de son vrai prénom qui a sans doute été plutôt inspiré par une célèbre chanson de Dave, nous a très vite annoncé qu'il avait faim. Sa soeur nous a prévenu: "Marcel Proust* -haaa- il est comme les quin-quins, il mange que des nouguètes et des -haaa- frites, il est très -haaa- difficile, moi je mange de tout". (NDLR: "quinquin"= américains, des personnes "anglaises qui parlent pas français"; "nouguètes": nuggets).


Comme j'ai un fameux esprit de contradiction, j'ai bien rigolé par devers moi en préparant pour le déjeuner une soupe épinards-haricots verts-courgettes. Franchement, j'ai rarement autant ri intérieurement, ce qui donne une idée de mon désespoir. 
Mon mari, un homme gentil et très beau, quand il est revenu de sa réunion pédagogique où il s'était barré en douce, en voyant le vert soutenu de ma soupe, m'a lancé un regard dubitatif mais néanmoins compréhensif, et un faible sourire désolé. Il est vraiment très fort.




Après les avoir regarder ne rien manger en boudant, audace qui a fortement impressionné nos enfants, (mais de toute façon, ça ne peut sûrement pas faire de mal à Marcel Proust* de sauter un repas de temps en temps si vous voyez ce que je veux dire), on a dû se les trimbaler pour aller récupérer nos passeports au Consulat de Stuttgart, et puis consoler Sue-Ellen* qui n'a pas cessé de geindre pendant des heures parce qu'elle voulait sa ma-haaa-man (le croyez-vous? je l'ai prise en photo pendant qu'elle pleu-haaa-rait pour me moquer d'elle! ouh! ça c'est vraiment affreux, sale et méchant! Ah ah ah ah! ). 


Une semaine après, nous avons reçu un faire-part (avec un DVD contenant les 700 photos de la naissance de Garou*(astuce), la petite dernière), des jouets pour chacun de nos enfants et un joli bouquet avec des paillettes collées sur les fleurs. Du coup, je m'en veux de me moquer, mais pas trop; faut croire que j'ai vraiment mauvais fond!

5 commentaires:

Paola a dit…

Tu vas sans doute regretter les gens du nord... :-)

ariana lamento a dit…

avec le recul, tu vas adorer cette période de ta vie.
Merci pour la photo de la soupe, vraiment, fallait pas...

Laëtitia a dit…

J'ai bien rigolé!

Je connais pas un seul gamin qui ne soit pas un peu taré. Ca donne envie.

L'affreuse a dit…

Paola> peut-être bien que non, en fait.

ariana lamento> j'aurais jamais cru que tu aurais des points communs avec le petit Swan (avec un N), comme quoi...

Laëtitia> en plus, et je sais que c'est pas bien de se moquer du physique des enfants, mais ils ont vraiment la tête qui va avec le reste.

Yibus a dit…

Quelle horreur, tu mérites vraiment bien ton surnom... Citer le doux nom de Marcel Proust avec cette image de soupe (au moins au wasa... haaaa...bi, je suppose).

Bon, sinon, je vais quand même continuer à lire les archives de ton blog !