mercredi 30 mars 2011

L'aventure c'est l'aventure

Je vais utiliser mon espace d'intimité publique pour marquer dans la pierre numérique afin de donner consistance au projet et crier à qui voudra l'entendre que si le Dieu des évangéliques nous soutient:

1) on signe un nouveau contrat dans les jours à venir,
2) on obtient un détachement dans la foulée,
3) on déménage fin juin,
4) on aura notre visa fin juillet,
5) on débarque début août dans l'autre pays des évangéliques.

Un seul mot me vient à l'esprit: Alleluia!

jeudi 17 mars 2011

Travaux d'aiguille #1

J'ai remarqué qu'après la découverte enjouée de la cuisine home made (attention, je m'internationalise!), les blogs de ménagères subissaient une vague d'enthousiasme pour la confection maison: couture, tricot, broderie, crochet...

Comme je suis une ménagère qui s'assume, dans la mesure où je ne suis pas chargée du ménage dans mon ménage, j'ai décidé de céder à cette dernière mode dans le but de fabriquer à terme des vêtements à mes enfants dans un style un peu luxe, calme et volupté (fort rare dans les boutiques allemandes), et pourquoi pas, un jour, les miens!

Afin de parfaire ma technique, j'ai commencé par la garde-robe des Barbies de Joyeuse*.

Afin de parfaire la perfection de ma technique, j'ai commencé par coudre toute seule une jupe à une Barbie, qui la pauvre s'est avérée trop grosse pour ma jupe (!), donc on l'a mise à une fillette Barbie qui en a vu d'autres, comme le laissent supposer son regard extatique, ses joues crasseuses et sa chevelure, disons, affranchie.

Je suis partie sur une idée de jupe rétro et chic, trouvée ici: l'atelier13 (CLIC)

Voilà le résultat, dont je ne suis pas peu fière:


Une jupe de gala, en toile légère et scintillante, idéale pour des soirées raffinées (type pique-nique au champagne) lors des beaux jours qui arrivent...



Notez l'élégant détail des petites perles de rocaille, sous la taille froncée avec goût, ainsi que les coutures apparentes de fil vieux rose qui égaient le tissu turquoise légèrement moiré grâce à l'usage intempestif de stabilo jaune.




John Galliano  Karl Lagerfeld n'a qu'à bien se tenir! 



lundi 14 mars 2011

Ma soirée avec Jesus

(prononcer Yézous)

L'autre soir, notre trompettiste de fils avait Konzert dans une église avec son ensemble.
Poldi (un diminutif de Leopold), son professeur roumain, n'avait pas manqué de demander préalablement une autorisation de participation à mon partenaire de vie, qui, de souche visiblement exotique, a fatalement un potentiel de musulman intégriste dont tout un chacun se méfie à l'occasion.

Comme ce n'est malheureusement pas le cas, nous sommes allés, d'un pas alerte et léger, applaudir l'enfant prodige dans une Evangelische Freikirche Gemeinde Gottes (= église évangélique libre de Dieu) (en gros, attention, SPOILER, une secte d'échevelés).

Curieux de nature même si un peu rétifs à l'idée de religion (mon partenaire de vie est agnostique de culture musulmane, je suis totalement athée), nous étions attentifs à ce qui passait autour de nous, attendant principalement d'entendre le divin son de la trompette de notre fils et de ses copains. En plus, en cas de besoin, on avait matière pour faire semblant de prier.



En fait on a passé un dimanche soir à écouter des sermons en allemand (mais traduits en anglais dans le creux de mon oreille gauche par une jeune professeur de la communauté, avertie par haut-parleur qu'une famille française non-germanophone était dans la place et avait besoin de l'assistance d'une personne polyglotte pour bien profiter de la soirée).

Mon partenaire de vie a trouvé à partir de la seizième minute que ça ressemblait dramatiquement à la mosquée, sauf qu'on était debout. Il a simplement noté qu'en revanche, à la mosquée, personne ne se donnait la peine de traduire ou d'expliquer ce qui se passait.

Ma fille a un peu gigoté durant ces deux longues heures de prière, et une vieille femme assise devant nous lui a donné quelques carambars aux fruits pour lui redonner un peu de jus quand elle commençait à fatiguer et à rester assise sur son siège.

Le jeune musicien qui me sert de fils avait été isolé de moi, mais de temps en temps il se retournait et me souriait. Il avait l'air un peu effrayé par ses voisins, visiblement très demandeurs auprès du Seigneur, parce qu'ils levaient les bras sans arrêt pendant les chansons.





Mon partenaire de vie tentait de dormir les yeux ouverts.

Quant à moi, j'essayais de diviser mon cerveau, entre l'allemand braillé avec enthousiasme par différents prédicateurs, l'anglais qu'on me chuchotait, la traduction que j'essayais d'affiner et le français de mon système de compréhension propre. A un moment, j'ai quand même réussi à m'évader et à me demander ce que je pourrais cuisiner demain soir.

La soirée était animée, entre deux discours vachement pieux, par de nombreuses chansons jeunes et sympas sur heilig Jesus (prononcez "aïliche yézousse") ce qui nous donnait l'occasion de nous lever régulièrement, avant de nous rasseoir tout aussi régulièrement.

Afin d'entraîner la participation de tous, il y avait un écran mobile qui descendait du plafond, avec les paroles, façon karaoké, mais ni mon partenaire de vie ni moi n'avons réussi à nous y mettre (je sais qu'il y a pensé parce qu'on s'observait du coin de l'oeil en réprimant un de nos fameux fous rires).

Dans la salle comble, il y avait quelques personnes éparses qui levaient les bras en rythme, un peu comme dans la scène de la messe de James Brown dans les Blues Brothers (en revanche personne n'a fait de grand écart ou de galipette en l'air, et ça manquait je dois dire).

Raël chante-t-il heilig Jesus?


Pour nous, le clou du spectacle, ce fut lorsqu'en plein milieu d'une chanson jeune et sympa sur heilig Jesus, une femme s'est levée, s'est avancée vers le pasteur (?) et cinq bonhommes sortis de nulle part l'ont entourée et ont prié à voix haute en lui appuyant sur la tête et les épaules. On aurait dit une sorte d'exorcisme. Et puis durant dix bonnes minutes, pendant que le pianiste continuait d'improviser sur le thème de la dernière chanson, six ou sept autres personnes (principalement des femmes) se sont succédées auprès des prieurs pour rejouer le même cirque.

Après il y a un eu un sermon sur heilig Jesus, Jesus qui doit être en première place dans notre coeur, avant nos enfants, et nous sommes chers à son coeur et à celui de heilig Gott, et même si on vit dans un monde du démon où les homosexuels peuvent avoir des enfants (il a crié le mot "homosexuel", ce qui a réveillé mon partenaire de vie), nous vivons aussi dans le monde sacré de Jesus.

Pour finir et sans doute dans l'idée de montrer leur reconnaissance à heilig Jesus, ils ont mangé son corps et bu son sang (ce qui nous a troublé, on croyait que seuls les catholiques faisaient ça et que les évangélistes étaient plutôt protestants et donc refusaient la communion? mystère à éclaircir...).

Nous sommes sortis de là épuisés, troublés et fâchés après le prof de trompette qui nous avait franchement tendu un piège à la con.

En plus, notre fils bien-aimé n'a joué que trois fois une minute, et il s'est planté sur un la bémol qu'il savait récalcitrant.


lundi 7 mars 2011

Top Allemagne # l'allemand

1) L'allemand est intensément engagé dans la vie associative, communautaire et traditionnelle, qui réunit des personnes de tous âges et de tous horizons, ça nous impressionne toujours. Par exemple, on peut voir des groupes de rockers tendance punk faire la fête à côté de vieux bavarois. Ca me paraît improbable en France, cela dit je ne fréquente pas les fêtes de la bière en France.
En plus en ce moment c'est la période du carnaval, "Fasnet" dans le Baden-Wurtemberg, la population est en ébullition, les gens sont déguisés partout et sans arrêt, même dans les commerces ou les administrations, les vitrines ou les balcons sont pleins de serpentins, de ballons de baudruche et de Narro (une espèce de masque de bouffon à pommettes saillantes, très traditionnel). Les festivités carnavalesques du moindre patelin n'ont presque rien à envier aux délires vénitiens ou brésiliens. Par exemple, hier, un défilé a provoqué un embouteillage monstre à la traversée d'un village.

2) L'allemand est pudique, sauf en ce qui concerne son corps.

3) L'allemand ne sait pas s'habiller. Mais enfin du coup ça me donne l'impression d'incarner le vrai chic parisien quand je vais à Lidl.

4) L'allemand parle souvent super bien anglais, ce qui le rend pratique à l'usage. Sauf quand j'essaie quand même de lui parler en allemand alors il ne comprend plus si finalement je spreche deutsch ein bisschen ou pas.

5) L'allemand bénéficie d'infrastructures de loisirs très développées et bien pensées (pistes cyclables, aménagement forestiers, buvettes ad hoc, piscines de folie...)

6) L'allemand est souvent vieux, blond, ou turc.

7) L'allemand est pieux. J'ai assisté à l'insu de mon plein gré à une messe d'évangélistes hier soir, croyez bien qu'il s'agit d'une expérience haute en couleurs qui vaut le détour.

8) L'allemand conduit comme un  connard sauvage. Il ne respecte ni les limitations de vitesse ni les marquages au sol et surtout, surtout, il double alors que j'arrive en face. J'ai concrètement frôlé la mort bien plus que nécessaire depuis que nous vivons ici.







mardi 1 mars 2011

D'autres vies que la mienne

Hélène voyait rarement sa soeur. Leurs vies ne se ressemblaient pas, il y avait toujours quelque chose de plus urgent à faire qu'aller à Vienne. Mais elle l'aimait. Il lui était arrivé de me parler d'elle, avec tendresse et même avec admiration.
Juste avant les vacances de Noël, elle avait eu une embolie pulmonaire, Hélène était inquiète mais la vague avait emporté cette inquiétude avec le reste de notre vie d'avant, depuis notre retour il n'en n'était plus question, et voilà, elle avait de nouveau un cancer. Du sein, cette fois, avec des métastases dans les poumons.


Tragique extrait de nichon du beau récit D'autres vies que la mienne, Emmanuel Carrère (2009), page 77 du Folio.