vendredi 21 mars 2008

Le cru et le cuit #4



Le cru
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Quand j'ai faim et que mon ventre gagouille, je me rassure en me disant qu'un ventre qui gargouille est un ventre heureux de s'exprimer enfin.
Le cuit
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Quand mon fils tousse dans la pièce d'à côté pendant plusieurs heures (vous lisez bien: plusieurs heures), alors que j'envisage de dormir; à chaque quinte je grogne; à chaque quinte je roule mon visage dans l'oreiller en étouffant mes cris de rage; à chaque quinte je vois la perspective d'un sommeil salutaire s'éloigner, étant entendu que je suis fatiguée du fait de la même toux du même fils ce matin-même à partir de quatre heures quarante deux.

Les gens qui s'énervent parce qu'on écrit une connerie sur le faire-part de mariage d'une vosgienne débile, alors que c'était juste pour rigoler.

Les gens qui vous contactent par le biais du site Copains d'avant(pourtant le mot "avant" me paraît tout de même assez explicite) et qui font comme si dix ans ne s'étaient pas passé, et qui vous proposent d'aller boire un coup ce soir, vu que le vert vous va très bien, et qui s'énervent parce que vous ne répondez pas.
En plus mon manteau il est gris, alors rien à voir.

dimanche 2 mars 2008

Le courage ceint d'un sein, ou Judith étêtant Holopherne


Triomphants d’incompétence, les Anciens de la belle cité de Béthul, assiégée par l’armée du roi Nabuchodonosor (c’est l’occasion de vous rappeler que le Nabuchodonosor, de nos jours, est un contenant de vin de Champagne équivalant à pas moins de vingt bouteilles!), étaient un soir d’octobre prêts à capituler, abandonnant les habitants déjà meurtris par le trop long siège de la prestigieuse place de Judée .


Les soldats de l’armée assyrienne semblaient comme assomés par le long siège qui les avait rendu avides de vins doux du Delta et de femmes chaleureuses.
Cependant, ils n'en restaient pas moins assoiffés du sang de l’Ennemi, car leurs émoluments mensuels n’atteignant que difficilement le petit millier d’euros (je convertis, ça va), bien qu'ils aient franchement travaillé plus, avec ce siège pourri, et ils s’attendaient d’un jour à l’autre à de sauvages compensations en nature.
On comprendra qu’éloigné et de sa famille et de ses plants de glaïeuls, le quidam en faction n’attendait rien de moins qu’un peu de dévergondage à l’œil pour assurer de son indéfectible docilité, tout en rêvent de combats glorieux sous le soleil de midi.
Ainsi, tout le monde se désespérait de passer du bon temps, les délices de l’été indien suscitant désir de lascivité et paresse inattentive.
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Le temps coulait nonchalamment, l’agonisante capitulation des Juifs guettait insidieusement, les Assyriens s’apprêtaient à festoyer dans la rage et l’ivresse, et seule une beauté du cru, le sein encore alerte et la mine grave, s’apprêtait en secret à déranger le cours des choses.
C’est en effet, le cœur plein de rage, et portée par un inébranlable courage, que la  valeureuse Judith a marqué son temps et son peuple de sa farouche détermination.
« Je m’insurge ! » tonna-t-elle de toute sa somptueuse puissance, dans la salle de conférence de l’Hôtel de Ville où se calfeutrait la délégation des Anciens prêts à sacrifier leur cité désormais vaincue. Les vieillards pantelants, visages émaciés et ridés jusqu’au sol, frémirent pendant un long moment, mine de rien, à la vue de cette délicieuse créature, fort légèrement vêtue d’un lamé or d’une rare délicatesse.
Quand vous êtes un mâle dominant, quel que soit votre âge, l’expérience du frisson supplante toute autre considération, surtout si elle est accompagnée d’une jolie paire de nichons, et Judith l’avait fort bien compris. On lui laissa donc toute latitude pour organiser une ultime tentative de terrasser l’armée assyrienne en ébullition.
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A la nuit tombée, la tumultueuse insurgée se faufile dans l’antre dionysiaque du général de cette glorieuse armée, j’ai nommé Holopherne.
Etourdi par la vue sensuelle qui s’offre à lui, le militaire en tenue, charmé par sa visite et inconscient du risque qu’elle représente, continue de s’enivrer de plus belle ; bientôt incapable de faire trois pas devant lui, celui qu’on nommait dans son dos «le sphinx aviné» s’écroule aux pieds de notre héroïne. Laquelle pria une dernière fois tout en attrapant avec vivacité une cimeterre (terrifiante épée à lame courbe) qui traînait là. «Rends-moi forte en ce jour, Seigneur, Dieu d’Israël!» .
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Judith, dont le palpitant fait alors exploser son corsage, libérant de la sorte deux seins vivants et libres comme le peuple de sa cité dorénavant, tranche la tête du soldat écroulé dans sa débauche, puis ramène le fruit de sa tuerie à l’intérieur des portes de sa ville, qui l’encense de bon droit.
« Fasse Dieu que tu sois éternellement exaltée et récompensée de mille biens, puisque tu n'as pas ménagé ta vie quand notre race était humiliée, mais que tu as conjuré notre ruine en marchant droit devant notre Dieu."
La morale obscure de ce haut fait biblique et historique, est que le sein qui cache un cœur courageux se retrouve toujours récompensé, et jusqu’à la mort reste altier, ce qui n’est pas rien, croyez m'en.