dimanche 31 décembre 2006

2006 est mort...

2006 est mort...

regimeA l’heure où mes concitoyens ont le porte-monnaie vide, la face bouffie et le côlon en déroute, moi, je suis riche, fluette et digne, parce que je fais régime et que j’ai pas offert de cadeaux à Noël, et je me gausse des gros boudins qui refusent le diktat de la minceur et n’ont plus une thune pour les soldes.
C’est tout ce que j’avais à dire.


samedi 23 décembre 2006

Menu de Noël #3 gérer maman


Vous qui êtes chanteur inaudible, blogueur culinaire ou enfant de Don Quichotte, projetant donc de passer votre soirée du 24 à boire des mojitos, de la liqueur de carambar ou du viandox dans une tente Décathlon sur les bords de Seine avec Jean Rochefort, vous savez donc d’ores et déjà que vous aurez la chance de passer votre matinée du 25 décembre au fond d’un bon lit moelleux ou dans un grand bain moussant Pierre Hermé parfumé au macaron Ispahan, afin de vous détendre après cette nuit de folie.
Mais moi qui suis une jeune femme dévouée et prête à supporter tous les sacrifices imposées par notre société judéo-chrétienne (quoique surtout chrétienne, pour le coup), je vais passer ma journée du 25, comme de bien entendu, à bruncher du foie gras dans mon salon.

Ainsi donc, Noël, se plier aux névroses de chacun.

bonhomme_de_neige_1Celle de maman n’est pas des moindres : c’est le bonheur d’être une famille unie.
Il va donc falloir faire semblant d’être heureux, et gais, car malgré une enfance triste, solitaire, pleine de secrets enfouis et de colères violentes, une vie de femme bafouée, de mère déçue et de sœur outragée, depuis qu'elle a identifié les transmissions psychiques qui circulent le long de son arbre (sa mémoire inconsciente), maman s’accroche à tout prix à l’idée que la famille, c’est comme l’humanité, c’est un trop-plein d’amour et de joie authentique.


Fort heureusement, nous allons devoir gérer cet aspect des choses (la famille unie) en comité restreint, car nous sommes quand même tous brouillés, qui avec un père, une fille, un frère, une sœur, un ex-mari ou l’énorme chien d’un beau-frère.

boireanoelVous m’objecterez que cela ne concerne pas vraiment le menu, mais si.

Pour donner à cette joyeuse fête un cachet de pimpance, le service d’alcool doit être continu, mais pas excessivement soutenu, c’est une sorte de juste maîtrise de l’ivresse, et c’est le travail de la maîtresse de maison (moi).

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Trop peu d’alcool, et nous finirons par jouer tous ensemble aux petits chevaux ou à Qui est-ce? avec mon fils, voire par faire la vaisselle. Et demander si y a pas Drucker à la télé.

Trop d’alcool, et maman et ma soeur finiront en larmes, après quelque vacherie assénée par moi, gloussant méchamment en tentant de m'endormir à même le tapis.

Mon frère se sera barré depuis longtemps, écoeuré par tant de gâchis de karma.

Mon chéri, qui est parfait, tentera de tenir une conversation cohérente avec Mamie Georgette sur sa jeunesse (« je gardais les vaches à onze ans tu sais, c’était pas cobbe aujourd’hui »), ses exploits sexuels (« et c’est là que l’abéricain, un bien bel hobbe, be dit que bes jambes, c’est un sacré padoraba ! eh ! okay d’accord, j’étais pas bal quand j’étais jeude») et ses choix politiques (« Dicolas Sarkozy, je suis sûre qu’il en-d-a ude toute petite, sidon, pourquoi qu’il ferait le béchant hispérite, hein ? »).

L'alcool justement dosé est la clé d'un repas de Noël à peu près supportable.

Soit pour 7 adultes consentants
, dont un musulman, un trinquant au lait froid uniquement et une qui a régulièrement de l’eau dans les poumons, disons que deux bouteilles de champagne et deux de Jurançon (pour le foie gras), ça suffira.
Prévoir en sus du Picon-bière et de l’acool de prune pour le beau-frère (celui du chien).

In fine, c’est Malou-la-pute, la thérapeute non conventionnée de maman, qui se réjouira bientôt, car le récit des festivités lui rapportera facilement à lui seul, comme chaque année, trois ou quatre séances, plus le paiement d'un nouveau stage de psychogénéalogie qui nettoiera sensément le passé du subconscient des descendantes femelles de la constellation familiale de maman.

jeudi 21 décembre 2006

Menu de Noël #2 gérer ma grand-mère


sapin2A moins d'avoir eu l'heureuse idée de passer l'année en tant qu'au pair dans la banlieue de Chicago, vous allez sans doute bientôt fêter la fin d'année en famille, la table des enfants plantée devant Astérix et les extra-terrestres, pendant qu'à la table des grands, on tente de fourrer la main gauche de Gérard (qui s'est empallé le pouce, tout bourré, avec le couteau à huîtres) dans la chemise de nuit en flanelle que Manue a offert à Tantine, pendant que dans la cuisine, maman hurle que non, Gérard n'a pas de problème avec l'alcool.

Ainsi donc, Noël.
Mais avant d'en arriver aux inévitables disputes et crises de nerfs sans lesquelles Noël ne serait pas Noël, il s'agit de préparer le repas, et de se plier aux exigences et aux névroses de tous.

Ce repas doit donc offrir un menu classique et un peu classe aux yeux de Mamie Georgette, qui n'a rien de classique et encore moins de classe, pourtant.

Vieille prolétaire anarchiste dont les jambes, malgré ses 86 ans, restent un sacré panorama, quatre enfants de trois pères différents dont un suicidé (d'enfant, pas de père) (quoiqu'ayant tous disparus quand ils ne sont pas inconnus, la question peut se poser), portant bas filés et besace en nylon vert d'eau en guise de sac à main, offert par La Redoute, pour ne pas attirer l'oeil des voyous.

Mamie Georgette exige d'en avoir pour sa peine, et pour les dix euros qu'elle va dépenser durant son séjour chez nous, donc foie gras maison qu'elle picorera avec dédain, champagne qu'elle ne boira pas, et truffes au chocolat qui colleront à son dentier. Elle en est à son quatrième pace-maker, autant dire qu'on ne la lui fait pas, et puis elle commence à faire pipi dans sa culotte, alors son foie gras, son champagne, et ses truffes, elle les veut, elle les aura.

Pendant ce temps là, Gérard, la main toujours en sang, déclame des poèmes érotiques à la table des enfants. Maman ne connaissait pas Verlaine sous ce jour-là.


doubitchouBonus: la recette artisanale Doubitchous (c'est garniture)

vous verrez, c'est que des bonnes choses

faire fondre 250g de cacao de synthèse (ou chocolat noir) au bain-marie, ajouter petit à petit 125g de margarine (ou beurre coupé morceaux); hors du feu, verser jaune de 2 oeufs, puis 125g saccharose (ou sucre glace); laisser durcir pâte pendant au moins une heure au frigo ou sur rebord fenêtre, mais attention pas faire tomber.

rouler à la main, sous les aisselles, et enduire avec poudre cacao amer.

tous mes voeux.


mercredi 20 décembre 2006

Menu de Noël #1 (le petit frère)


sapinA moins d'avoir eu l'heur de trouver refuge dans un abri anti-atomique israëlien, vous n'êtes pas sans savoir que Noël approche, avec son cortège de dépenses inutiles, de bêtisiers à la tévé et d'enfants de cinq ans qui ce matin a trouvé les cadeaux que le Père Noël a caché sous mon lit, m'obligeant à lui hurler dessus sans raison mais avec panache le temps de trouver un mensonge gros comme le derrière capitonné de la Mère Noël, pour nier l'évidence en toute impunité.

Ainsi donc, Noël.
Afin de festoyer dans l'indignité la plus totale, buvant plus que de raison à la gloire de Saint Urbain patron des ivrognes et dénigrant pour la énième fois tonton Claude le radin et son épouse qui échappe depuis vingt ans à la camisole de force malgré son engagement politique aux côtés de Jean-Pierre Chevènement, il faut préparer un bon repas familial, c'est la tradition. Et comme toujours, c'est moi qui m'y colle.

Mais attention, ce n'est pas chose aisée, il faut se plier aux névroses de tous, car Noël en famille, c'est sacré.


Notre repas devra par exemple échapper aux convenances les plus simples, car mon frère dont le troisième prénom n'est rien de moins que Pépin, ce qui se laisse savourer, refuse qu'une table soit dressée avec des gens assis autour, devant des assiettes pleines de nourriture. Comprenez que ce n'est pas le plus petit des détails pour l'organisation d'un repas.
Penchons-nous plus avant sur le problème, et réglons-le efficacement.

Au quotidien Il se prend pour un ascète shaolin (il a vingt ans tout juste, comprenez-le), et refuse les repas orthodoxes: il se gave de Prince au chocolat et descend trois litres de lait par jour en regardant Malcolm sur Paris Première, vautré lascivement sur le clic-clac pourri de maman. Il ne s'agit donc pas uniquement de Noël, mais de tous les repas, ce qui rend acceptable l'exigence, d'autant que le foie gras, somme toute, il le mangera.

Le traumatisme originel Notre père était est un cuisinier obèse qui baisait Sophie Etienne, une pute à gros nez, et fantasmait sur les grandes tablées familiales (maman aurait-elle préféré qu'il fantasme sur la pute et baise la table? question intéressante), ce qui explique la phobie de mon frère pour le sexe et les repas à table.

La solution de Noël
Nous bruncherons, donc, de manière informelle, les uns assis par terre, les autres sur le canapé, picorant de-ci de-là quelques agapes à la frugalité quand même discutable, disposées sur la table basse. Ni couverts attitrés, ni succession ordonnée de plats. Lait froid à volonté, aucune évocation d'éventuelle petite amie, et on ouvre les cadeaux en même temps.


samedi 2 décembre 2006

Joies simples


automneQuel bonheur que l’automne.
Plus particulièrement la fin de l’automne.
Il semble pourtant que ce soit une saison souvent méprisée, pour son temps changeant, venteux et humide, une période durant laquelle la nature se venge et nous rappelle brutalement l’aspect éphémère de nos pathétiques existences ; le nombre de suicides augmente cruellement, et celui des décès naturels aussi, car le corps subit ce que nous infligent nos esprits paresseux, qui, privés de lumière, refusent de voir la beauté épurée d’une nature se préparant à l’assaut de l’hiver.
Et pourtant…
Indicible, le charme mystérieux des journées qui débutent tard et s’achèvent tôt, la douce langueur des promenades occasionnelles dans un air frais et revigorant, au bord de rivières boueuses. Le vent décoiffe les chignons finement épinglés, les pommettes rosissent, et cristallins sont les rires des jeunes femmes qui, poitrail aux aguets, prennent la pose sur les quais des villes plus grises qu’à l’accoutumée.