mercredi 16 février 2011

Humeurs #1


A la suite d'un stage professionnel vachement innovant, nous avons eu l'idée de pratiquer un jeu en famille. 
Il consiste à situer son humeur du jour en deux ou trois mots, on peut éventuellement avoir recours à une liste ou à des supports visuels clairs et imagés pour les plus jeunes, afin d'affiner la perception et l'expression des humeurs.  
Nous jouerons au moment du petit-déjeuner, ce qui, vue l'heure fort matinale de tous nos petits-déjeuners, expliquera sans doute l'apparente déprime parentale.




3 février
Moi: endormie et découragée
Léonard*: endormi et content
Lui: las et impatient
Joyeuse*: contente

4 février
Léonard*: content, électrisé et réjoui (se sent déçu à 12 heures)
Lui: démotivé (mais impatient, tient-il à ajouter à 18h)
Moi: de bonne humeur
Joyeuse*: heureuse

7 février
Léonard*: vif et sans soucis
Moi: pleine d'entrain
Lui: déterminé et fatigué
Joyeuse*: réveillée


9 février
Moi: déterminée et dynamique
Joyeuse*: triste de Mamy et triste de Léonard* parce qu'il veut plus vivre (note: mamy est morte à Noël et son frère a mal supporté de perdre à plusieurs reprises un truc sur un jeu de DS, il a donc espéré mourir pour mettre fin à son supplice; nous avons confisqué sa DS)
Lui: mélancolique et inquiet
Léonard*: enrhumé






10 février
Léonard*: joyeux et reposé
Joyeuse*: étourdie
Lui: désespéré et las
Moi: enthousiaste


11 février
Lui: tourmenté et expectatif
Moi: affectueuse et amoureuse
Léonard*: énergique
Joyeuse*: fatiguée et rigolote

13 février
Léonard*: content et joyeux
Joyeuse*: fatiguée
Moi: légère, de bonne humeur et enthousiaste
Lui: pressé



Après dix jours de cet exercice, je découvre avec stupeur que l'humeur que nous annonçons n'a rien à voir avec l'idée que je me faisais jusqu'alors de nos caractères.
Je me considère normalement comme une pessimiste, complètement négative voire un poil désespérée. Au vu de mes humeurs, on dirait le contraire. 
De même, mon fils passe généralement à nos yeux pour un enfant taciturne et révolté, et le voilà enjoué à six heures tous les matins.
Mon compagnon de vie, un homme tout ce qu'il y a de plus dynamique et positif, a l'air d'être en pleine dépression. Quant à ma fille, l'enfant la plus heureuse, extravertie et drôle de la terre, elle semble souvent un brin chagrine. 


mercredi 16 février
Léonard*: dynamique et reposé
Joyeuse*: de bonne humeur et reposée
Lui: tendre et cafardeux
Moi: soucieuse et apathique (mais motivée dès 10 heures)

à suivre ...

vendredi 11 février 2011

Le cru et le cuit #6

Le cru




Ma fille de quatre ans qui joue à "la révolution du peuple de la fleur de lys" avec ses playmobils, les têtes de Barbie (isolées de corps perdus) faisant office de "Marie-en-toilette".

Faire le tour du monde en une soirée, par l'envoi de dizaines de dossiers de candidature en Chine, en Russie, au Portugal, aux Etats-Unis, en Italie, en Allemagne, en Irlande et même en Bulgarie.

Suer sur la traduction du bulletin de mon fils; se réjouir de ses 1 en math et en anglais après avoir saisi le système de notation allemand.

Du saumon grillé avec une sauce au gorgonzola, deux soirs de suite.

Chercher son soutien-gorge de sport et remplir son iPod d'émissions littéraires adaptées à son rythme de course (Jeux d'épreuve ou Des papous dans la tête).

Don Draper et Joseph Macé-Scaron.



Le cuit


Mon décrassage de printemps le long du Danube qui n'a toujours pas eu lieu (je parle de jogging).

Découvrir que la collègue la plus sympa a voté Bayrou aux dernières présidentielles, déteste François Mitterrand et a un mari franchement de droite, et se demander comment on a pu passer à côté de ça.

"Embaucher une femme, ça peut aussi être une chance." N. Sarkozy, 10 février 2011

Commencer à s'angoisser en attendant d'hypothétiques réponses aux candidatures internationales. S'angoisser à l'idée de partir ou à l'idée de rentrer. Espérer et redouter.

"Les délinquants de 17 ans et d'1m85" N. Sarkozy, 10 février 2011

Griller un paquet de bâton d'encens "bois de santal" pour faire disparaître la tenace odeur de saumon grillé.

Nicolas Sarkozy et toute sa clique.

mardi 8 février 2011

Un geste sain pour une vie meilleure


Ca me fait un peu penser aux premiers épisodes de "Mad Men" quand les mecs se demandent comment ils vont réussir à vendre des cigarettes sans faire témoigner des médecins en faveur du tabac.
Mais je préfère me dire que même en 2011, Pasteur n'est tout de même pas n'importe quel docteur venu. 

lundi 7 février 2011

Le Paradis - un peu plus loin

Elle n'éprouvait aucune gêne. Comme le patron de l'établissement, un petit homme aux façons mielleuses, s'approchait pour lui demander qui elle cherchait, elle répondit d'un ton cassant: personne.
- Pourquoi me demandez-vous? interrogea-t-elle à son tour, de façon à être entendue de tous. N'admet-on pas les femmes ici?
- Les femmes comme il faut, oui, s'écria depuis le zinc une voix avinée. Les hétaïres, non.
"C'est le poète du patelin", pensa Flora.
- Je ne suis pas une putain, messieurs, expliqua-t-elle sans se fâcher en imposant le silence. Je suis une amie des ouvriers. Je viens les aider à briser les chaînes de l'exploitation.

Elle comprit alors, à leur visage, qu'ils ne la prenaient plus pour une hétaïre mais pour une poivrote. Sans s'avouer vaincue, elle leur parla. Ils l'écoutèrent par curiosité, comme on écoute le chant d'un oiseau inconnu, sans prêter beaucoup d'attention à ce qu'elle disait, plus attentifs à ses jupes, à ses mains, sa bouche, sa taille et sa poitrine qu'à ses mots.




Extrait féministe du beau roman Le paradis - un peu plus loin, du prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa (page 58 du Folio poche), qui retrace les vies parallèles de la grande Flora Tristan et de son petit-fils, le peintre Paul Gauguin.

samedi 5 février 2011

Jehanne la Pucelle #7 La chevauchée fantastique



Et c'est ainsi qu'adoubée par Charles, La Pucelle s'élança dans une cavalcade insensée et victorieuse, la menant pour commencer à Orléans, (attention, minute houellebecquienne) une commune française du centre-ouest, chef-lieu du département du Loiret et de la région Centre. La ville appartient à l'agglomération Orléans Val de Loire regroupant 22 communes pour un total d'environ 272 000 habitants et à l'aire urbaine d'Orléans comprenant 90 communes pour un total d'environ 369 000 habitants. Orléans est classée Ville d'art et d'histoire. Voici pourquoi:



En l'an de grâce 1429, la population orléanaise ne s'élevait alors guère qu'à quelques milliers de pauvres bougres souffrant du siège anglais (qui est une méthode de guerre, pas une maladie touchant le fondement).

Jehanne, ses hommes, et son cher ami le bâtard Dunois libérèrent avec panache la ville en moins de dix jours, ce qui est bien mais pas exceptionnel car à l'époque les situations se renversaient rapidement, même si le concept de Guerre de Cent Ans nous fait croire le contraire.

Le siège d'Orléans (Vigiles de Charles VII) 

Comme une traînée de poudre, l'armée de Jehanne gonflée à bloc par tant de bonheur, d'ivresse de la victoire et de confiance en soi, libère tout le nord du pays sur son passage: Patay, Troyes, Châlons-en-Champagne, Reims enfin, permettant le sacre en juillet de Charles VII, enfin digne dans son propre royaume.

Jehanne pourtant n'avait pas toujours la tête à la bataille, et s'inquiétait fort d'alimenter la légende vivante qu'elle devenait jour après jour, tout en s'adaptant sans complexes aux moeurs soldatesques.


En effet, elle n'hésitait pas à festoyer chaque soir dans sa tente avec ses compagnons d'armes, abandonnant son armure fleur-de-lysée pour n'arborer que de simples et légères chemises de lin blanc, histoire de lever le coude avec plus d'aisance. Ses tenues fines et échancrées causaient d'ailleurs quelques émois dans l'assemblée, dus à sa poitrine incandescente qui se libérait enfin, dans une ample plénitude (ça c'est la bière).


Cela étant, un certain manque de fantaisie ainsi qu'un visage peu amène lui garantirent toujours le profond respect de son corps et de son intimité de la part de types quand même pas piqués des vers du genre Gilles de Rais, un gars plutôt léger. 

Oh la vache!

Comme quoi ça peut avoir du bon d'être un laideron. Et ouf j'ai envie de dire! Car moins d'un an après, La Pucelle allait devoir en remontrer, et à des durs à cuire.


à suivre...