mardi 4 avril 2006

Russ Meyer, un homme engagé


russmeyerOncques ne peut s’empêcher de rester songeur en étudiant même superficiellement la carrière de Russ Meyer (1922-2004). Si ce nom vous est encore inconnu, j’espère éclairer votre lanterne inculte, et vous pourrez ainsi vous faire une idée plus palpable.
Selon le dictionnaire Larousse du cinéma, son œuvre est, je cite, « l’expression fastidieuse, autant qu’involontairement comique, d’une seule obsession mammaire et d’un total mauvais goût ». Ô pépiement stérile! Franchement, c’est nier la profondeur psychanalytique de son propos, je trouve (des femmes à la poitrine métaphysique font des misères à des hommes soumis) (maman Meyer doit en avoir sur la conscience, ne croyez-vous pas ?!).

Pour commencer, ses productions font de lui un précurseur dans l’industrie cinématographique mondiale, et bien peu nombreux sont les réalisateurs de pornos soft à entrer dans l’histoire du septième art. Nommez m'en un pour voir ! Bon.
Certes les intrigues qu’il développe sont plutôt rudimentaires et chatouilleront surtout les amateurs de combats de catch féminin dans la boue, mais j’en connais, ils sont parmi nous (parmi vous !).

fasterpussycatLe plus célèbre opus de Monsieur Meyer, tourné en 1965, époque aux mœurs décontractées s’il en fut, dont le titre seul suffit à nous mener vers des abîmes d’ahurissement béat, « Faster, Pussycat ! Kill ! Kill ! », est un chef d’œuvre du genre.
De belles femmes à la chevelure luxuriante et aux mamelles épanouies (et épanouissantes, si vous voulez mon avis !) évoluent dans un monde idéal dans lequel abondent les bottes de cuir, les grosses cylindrées viriles, les prises de randori, les postures lascives et un mobilier d’acier froid. Le mode de communication orale en vigueur est basé sur l’usage d’un vocabulaire simple mais efficace de légionnaire (« kill ! kill ! ») et des grognements de docker soulevant des balles de maïs de 150 lb av (« rrrrrhaaa ! hhhaaaaan ! ») (révisez donc vos systèmes métriques anglo-saxons et vous verrez qu’effectivement ce n’est pas rien).
Les femmes sont regroupées en faction sensuelle de choc et telles des mercenaires d’une foi vengeresse, poursuivent des mâles soumis pour leur mettre sur la gueule, ce qu’ils semblent somme toute attendre avec une impatience et un émoi certains.

supervixensCette lumineuse idée de base est déclinable à l’envie, ce dont n’a pas manqué de s’apercevoir Russ Meyer, qui en homme pratique, est à l’origine d’une vingtaine de films exploitant sexe, gros nichons, et violence au féminin. Une gloire définitive lui est assurée avec Vixen (1968), suivi de Supervixens, Megavixens, Ultravixens, vous voyez le genre.
Il a fait fortune, a même travaillé en parallèle à des films plus classiques pour des grandes maisons de productions, mais rien de significatif quand on sait ce dont son génie créatif fut capable.

Dernière et espiègle fumisterie, notre roi du kitsch a porté plainte, en 1999, contre sa compagne… pour violence conjugale. Comme quoi tout a un sens.

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