Elle n'éprouvait aucune gêne. Comme le patron de l'établissement, un petit homme aux façons mielleuses, s'approchait pour lui demander qui elle cherchait, elle répondit d'un ton cassant: personne.
- Pourquoi me demandez-vous? interrogea-t-elle à son tour, de façon à être entendue de tous. N'admet-on pas les femmes ici?
- Les femmes comme il faut, oui, s'écria depuis le zinc une voix avinée. Les hétaïres, non.
"C'est le poète du patelin", pensa Flora.
- Je ne suis pas une putain, messieurs, expliqua-t-elle sans se fâcher en imposant le silence. Je suis une amie des ouvriers. Je viens les aider à briser les chaînes de l'exploitation.
Elle comprit alors, à leur visage, qu'ils ne la prenaient plus pour une hétaïre mais pour une poivrote. Sans s'avouer vaincue, elle leur parla. Ils l'écoutèrent par curiosité, comme on écoute le chant d'un oiseau inconnu, sans prêter beaucoup d'attention à ce qu'elle disait, plus attentifs à ses jupes, à ses mains, sa bouche, sa taille et sa poitrine qu'à ses mots.
Extrait féministe du beau roman Le paradis - un peu plus loin, du prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa (page 58 du Folio poche), qui retrace les vies parallèles de la grande Flora Tristan et de son petit-fils, le peintre Paul Gauguin.
- Pourquoi me demandez-vous? interrogea-t-elle à son tour, de façon à être entendue de tous. N'admet-on pas les femmes ici?
- Les femmes comme il faut, oui, s'écria depuis le zinc une voix avinée. Les hétaïres, non.
"C'est le poète du patelin", pensa Flora.
- Je ne suis pas une putain, messieurs, expliqua-t-elle sans se fâcher en imposant le silence. Je suis une amie des ouvriers. Je viens les aider à briser les chaînes de l'exploitation.
Elle comprit alors, à leur visage, qu'ils ne la prenaient plus pour une hétaïre mais pour une poivrote. Sans s'avouer vaincue, elle leur parla. Ils l'écoutèrent par curiosité, comme on écoute le chant d'un oiseau inconnu, sans prêter beaucoup d'attention à ce qu'elle disait, plus attentifs à ses jupes, à ses mains, sa bouche, sa taille et sa poitrine qu'à ses mots.
Extrait féministe du beau roman Le paradis - un peu plus loin, du prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa (page 58 du Folio poche), qui retrace les vies parallèles de la grande Flora Tristan et de son petit-fils, le peintre Paul Gauguin.
2 commentaires:
Dis, une question personnelle maintenant qu'on se connaît super bien ; pourquoi tu as ouvert les commentaires aussi tard sur ton blog ?
(Sans rire, ta réponse m'intéresse beaucoup).
(Moins que les seins, mais beaucoup tout de même).
Yibus> je te renvoie à la note en tout bas de page "Genèse" qui explique le pourquoi du comment.
En fait il y en avait avant, mais ils ont disparu.
Du coup, j'ai fermé la possibilité de commenter, le temps de me chercher un nouvel angle d'écriture (en délaissant le nichon).
J'ai décidé d'ouvrir les commentaires une fois remise à flot et trouvant comment écrire régulièrement ici...
Voilà!
Mais c'est dommage pour les commentaires disparus, il y a eu des périodes de belle interactivité!
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