vendredi 4 avril 2008

Lilith #2



Ne pas faire de mal, c’est peu. Faire du bien, c’est tout.
lilith2Or donc, Lilith et Adam s’égayaient quotidiennement dans les prés originaux, la vie s’écoulant au mieux, selon toute apparence. Déjeuner frugal, promenade digestive, sieste réparatrice, discussions enjouées, le soir au coin du feu, sur l’inintérêt d’entretenir une meute de chiens ou de faire bâtir en lisière de forêt, alourdies parfois par des sujets plus graves, comme l’angoisse d’une France d’après sous l’égide d’un immigré hongrois  ultra-libéral, autoritaire, policier et sans doute complexé par la taille de son sexe.
Une vie simple, en somme.
Mais cette entente idéale connaissait malheureusement des limites, toujours difficiles à admettre, plus encore à  surmonter.
Le lieu favori des ébats amoureux du jeune couple se trouvait judicieusement installé sur la souche d’un pommier, dont le jeune homme, taillé dans la masse tel un athlète du bloc de l’Est, avait supprimé les rameaux et les feuillages afin d’y préparer, à proprement parler, leur nid d’amour. Cette initiative lui était venue en se souvenant vaguement d’une légende grecque, à propos d’un valeureux marin qui avait ainsi installé la couche de son épouse dont il était follement épris, une prénommée Pimprenelle, ou Philomène, sur un tronc d’olivier. L’idée lui semblait romantique, il affectionnait tout particulièrement les symboles littéraires.
Ainsi, c’est dans ce lit unique qu’Adam et Lilith se sont bibliquement connus. Ce fut assez décevant, mais bon, pour la première fois, ça arrive à tout le monde. Les deux amants convenaient parfaitement qu’il leur fallait du temps et  un peu plus d’expérience avant de se mieux comprendre, sensuellement parlant.
Cet apprêt du lieu, tout décoré de fleurs  de lilas et de muguet, les préférées de la jeune femme, attisait la malice de Lilith, qui après avoir consciencieusement initié Adam aux joies de la maîtrise de soi, souhaitait en découdre avec impudence, pétulance, astuce, et avouons-le, un peu d’obscénité. Rien de bien choquant, je vous arrête, mais un peu de changement entretient la flamme.
De ce fait, par une belle après-midi ensoleillée, car elle était plutôt de l’après-midi, Lilith, la première femme de la Création, tout en titillant avec habileté les tétons d’Adam, de son côté également premier homme de la Création, lui glissa, déjà toute à sa joie : « Aujourd’hui, je reste sur toi, chéri, tu vas voir, ça va être géant. ».
Adam, éberlué, exprime aussitôt son avis, oubliant ses tétons durcis et son corps frémissant : « Ah m…ais pas qu… qu… què… question, j…  j… je suis l’homme, j… je po… porte pénis et rè… rè… reste… d… dessus  toi, c’…. c’est à m… m…moi de te pé… pé… pénétrer, et par là donc de te dominer ». Vous voyez le genre. Il était bègue, aussi, j’avais oublié de le préciser, mais ceci explique peut-être cela, n’est-ce pas ?
(à suivre)


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