mercredi 13 septembre 2006

Un truc que je déteste sur la grossesse #4


porcelaineJe hais qu’un jeune pharmacien impudent dise haut et fort, dans son officine moisie, devant tout le monde, y compris le père de mes enfants qui m’accompagne dévotement, que le Tardyferon que l’on m’a prescrit pour enrichir mon sang avant l’accouchement risquait de noircir mes selles et qu’il ne fallait pas que je m’en inquiète.

Non mais, de quoi je me mêle ?

Que connaît-il, d’abord, cet histrion imberbe, de mon fonctionnement intestinal ?

Ne voit-il pas sur mon visage de poupée blanc et rose et rond, que je ne fais pas ce genre de choses (je veux dire, produire des selles) (sans parler, le cas échéant, de les observer afin d'en jauger la couleur)(Seigneur, mais quiferait une chose pareille?) ?
Comment peut-il imaginer une seconde que derrière mes grands yeux bleus innocents se cache une personne ayant un transit intestinal lambda?

Et qu’a pu penser mon tendre amour en entendant ça ?

J’ai bien vu passer sur son beau visage une pâleur étrange, un égarement des sens et ses yeux sombres perdus dans le vague.
Réaction d’ailleurs un peu similaire à celle que j’avais observée lors des cours publics de préparation à la naissance, quand la sage-femme nous a conseillé de procéder sur ma personne à des massages du périnée avec de l’huile d’amande douce, précisant on ne sait pourquoi, avec un sourire amical égayant son visage expert et une gestuelle très suggestive (elle était assise en tailleur) que le périnée se situe entre l’orifice vaginal et l’anus (même une brebis innocente se douterait que ça ne se situe pas franchement sous le bras)( de toute façon, rien de ce qui concerne une femme enceinte ne se situe sous le bras).

Et encore ce n’est rien à côté de ce qui a suivi, à savoir l’évocation de mon bouchon muqueux, cette perte vaginale gélatineuse jaunâtre parfois teintée de sang, que j’aurai l’heur de perdre avant le début des hostilités ("vous verrez c'est un peu comme une grosse glaire" s'est empressée de préciser, avec son inaltérable gaieté, la sage-femme répondant au doux prénom de Malou, ce qui aurait dû me mettre la puce à l'oreille dès le départ). Le coup de grâce étant les contractions régulières assorties de la perte des eaux (écoulement du vagin d’un liquide verdâtre), dont Malou nous propose de noter la couleur, la quantité et l’odeur afin de renseigner au mieux l’équipe d’obstétrique dès notre arrivée à la maternité.

Christ-roi, qu'ai-je fait?

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