(prononcer Yézous)
L'autre soir, notre trompettiste de fils avait Konzert dans une église avec son ensemble.
Poldi (un diminutif de Leopold), son professeur roumain, n'avait pas manqué de demander préalablement une autorisation de participation à mon partenaire de vie, qui, de souche visiblement exotique, a fatalement un potentiel de musulman intégriste dont tout un chacun se méfie à l'occasion.
Comme ce n'est malheureusement pas le cas, nous sommes allés, d'un pas alerte et léger, applaudir l'enfant prodige dans une Evangelische Freikirche Gemeinde Gottes (= église évangélique libre de Dieu) (en gros, attention, SPOILER, une secte d'échevelés).
Curieux de nature même si un peu rétifs à l'idée de religion (mon partenaire de vie est agnostique de culture musulmane, je suis totalement athée), nous étions attentifs à ce qui passait autour de nous, attendant principalement d'entendre le divin son de la trompette de notre fils et de ses copains. En plus, en cas de besoin, on avait matière pour faire semblant de prier.
En fait on a passé un dimanche soir à écouter des sermons en allemand (mais traduits en anglais dans le creux de mon oreille gauche par une jeune professeur de la communauté, avertie par haut-parleur qu'une famille française non-germanophone était dans la place et avait besoin de l'assistance d'une personne polyglotte pour bien profiter de la soirée).
Mon partenaire de vie a trouvé à partir de la seizième minute que ça ressemblait dramatiquement à la mosquée, sauf qu'on était debout. Il a simplement noté qu'en revanche, à la mosquée, personne ne se donnait la peine de traduire ou d'expliquer ce qui se passait.
Ma fille a un peu gigoté durant ces deux longues heures de prière, et une vieille femme assise devant nous lui a donné quelques carambars aux fruits pour lui redonner un peu de jus quand elle commençait à fatiguer et à rester assise sur son siège.
Le jeune musicien qui me sert de fils avait été isolé de moi, mais de temps en temps il se retournait et me souriait. Il avait l'air un peu effrayé par ses voisins, visiblement très demandeurs auprès du Seigneur, parce qu'ils levaient les bras sans arrêt pendant les chansons.
Mon partenaire de vie tentait de dormir les yeux ouverts.
Quant à moi, j'essayais de diviser mon cerveau, entre l'allemand braillé avec enthousiasme par différents prédicateurs, l'anglais qu'on me chuchotait, la traduction que j'essayais d'affiner et le français de mon système de compréhension propre. A un moment, j'ai quand même réussi à m'évader et à me demander ce que je pourrais cuisiner demain soir.
La soirée était animée, entre deux discours vachement pieux, par de nombreuses chansons jeunes et sympas sur heilig Jesus (prononcez "aïliche yézousse") ce qui nous donnait l'occasion de nous lever régulièrement, avant de nous rasseoir tout aussi régulièrement.
Afin d'entraîner la participation de tous, il y avait un écran mobile qui descendait du plafond, avec les paroles, façon karaoké, mais ni mon partenaire de vie ni moi n'avons réussi à nous y mettre (je sais qu'il y a pensé parce qu'on s'observait du coin de l'oeil en réprimant un de nos fameux fous rires).
Dans la salle comble, il y avait quelques personnes éparses qui levaient les bras en rythme, un peu comme dans la scène de la messe de James Brown dans les Blues Brothers (en revanche personne n'a fait de grand écart ou de galipette en l'air, et ça manquait je dois dire).
Pour nous, le clou du spectacle, ce fut lorsqu'en plein milieu d'une chanson jeune et sympa sur heilig Jesus, une femme s'est levée, s'est avancée vers le pasteur (?) et cinq bonhommes sortis de nulle part l'ont entourée et ont prié à voix haute en lui appuyant sur la tête et les épaules. On aurait dit une sorte d'exorcisme. Et puis durant dix bonnes minutes, pendant que le pianiste continuait d'improviser sur le thème de la dernière chanson, six ou sept autres personnes (principalement des femmes) se sont succédées auprès des prieurs pour rejouer le même cirque.
Après il y a un eu un sermon sur heilig Jesus, Jesus qui doit être en première place dans notre coeur, avant nos enfants, et nous sommes chers à son coeur et à celui de heilig Gott, et même si on vit dans un monde du démon où les homosexuels peuvent avoir des enfants (il a crié le mot "homosexuel", ce qui a réveillé mon partenaire de vie), nous vivons aussi dans le monde sacré de Jesus.
Pour finir et sans doute dans l'idée de montrer leur reconnaissance à heilig Jesus, ils ont mangé son corps et bu son sang (ce qui nous a troublé, on croyait que seuls les catholiques faisaient ça et que les évangélistes étaient plutôt protestants et donc refusaient la communion? mystère à éclaircir...).
Nous sommes sortis de là épuisés, troublés et fâchés après le prof de trompette qui nous avait franchement tendu un piège à la con.
En plus, notre fils bien-aimé n'a joué que trois fois une minute, et il s'est planté sur un la bémol qu'il savait récalcitrant.
L'autre soir, notre trompettiste de fils avait Konzert dans une église avec son ensemble.
Poldi (un diminutif de Leopold), son professeur roumain, n'avait pas manqué de demander préalablement une autorisation de participation à mon partenaire de vie, qui, de souche visiblement exotique, a fatalement un potentiel de musulman intégriste dont tout un chacun se méfie à l'occasion.
Comme ce n'est malheureusement pas le cas, nous sommes allés, d'un pas alerte et léger, applaudir l'enfant prodige dans une Evangelische Freikirche Gemeinde Gottes (= église évangélique libre de Dieu) (en gros, attention, SPOILER, une secte d'échevelés).
Curieux de nature même si un peu rétifs à l'idée de religion (mon partenaire de vie est agnostique de culture musulmane, je suis totalement athée), nous étions attentifs à ce qui passait autour de nous, attendant principalement d'entendre le divin son de la trompette de notre fils et de ses copains. En plus, en cas de besoin, on avait matière pour faire semblant de prier.
En fait on a passé un dimanche soir à écouter des sermons en allemand (mais traduits en anglais dans le creux de mon oreille gauche par une jeune professeur de la communauté, avertie par haut-parleur qu'une famille française non-germanophone était dans la place et avait besoin de l'assistance d'une personne polyglotte pour bien profiter de la soirée).
Mon partenaire de vie a trouvé à partir de la seizième minute que ça ressemblait dramatiquement à la mosquée, sauf qu'on était debout. Il a simplement noté qu'en revanche, à la mosquée, personne ne se donnait la peine de traduire ou d'expliquer ce qui se passait.
Ma fille a un peu gigoté durant ces deux longues heures de prière, et une vieille femme assise devant nous lui a donné quelques carambars aux fruits pour lui redonner un peu de jus quand elle commençait à fatiguer et à rester assise sur son siège.
Le jeune musicien qui me sert de fils avait été isolé de moi, mais de temps en temps il se retournait et me souriait. Il avait l'air un peu effrayé par ses voisins, visiblement très demandeurs auprès du Seigneur, parce qu'ils levaient les bras sans arrêt pendant les chansons.
Mon partenaire de vie tentait de dormir les yeux ouverts.
Quant à moi, j'essayais de diviser mon cerveau, entre l'allemand braillé avec enthousiasme par différents prédicateurs, l'anglais qu'on me chuchotait, la traduction que j'essayais d'affiner et le français de mon système de compréhension propre. A un moment, j'ai quand même réussi à m'évader et à me demander ce que je pourrais cuisiner demain soir.
La soirée était animée, entre deux discours vachement pieux, par de nombreuses chansons jeunes et sympas sur heilig Jesus (prononcez "aïliche yézousse") ce qui nous donnait l'occasion de nous lever régulièrement, avant de nous rasseoir tout aussi régulièrement.
Afin d'entraîner la participation de tous, il y avait un écran mobile qui descendait du plafond, avec les paroles, façon karaoké, mais ni mon partenaire de vie ni moi n'avons réussi à nous y mettre (je sais qu'il y a pensé parce qu'on s'observait du coin de l'oeil en réprimant un de nos fameux fous rires).
Dans la salle comble, il y avait quelques personnes éparses qui levaient les bras en rythme, un peu comme dans la scène de la messe de James Brown dans les Blues Brothers (en revanche personne n'a fait de grand écart ou de galipette en l'air, et ça manquait je dois dire).
Raël chante-t-il heilig Jesus? |
Pour nous, le clou du spectacle, ce fut lorsqu'en plein milieu d'une chanson jeune et sympa sur heilig Jesus, une femme s'est levée, s'est avancée vers le pasteur (?) et cinq bonhommes sortis de nulle part l'ont entourée et ont prié à voix haute en lui appuyant sur la tête et les épaules. On aurait dit une sorte d'exorcisme. Et puis durant dix bonnes minutes, pendant que le pianiste continuait d'improviser sur le thème de la dernière chanson, six ou sept autres personnes (principalement des femmes) se sont succédées auprès des prieurs pour rejouer le même cirque.
Après il y a un eu un sermon sur heilig Jesus, Jesus qui doit être en première place dans notre coeur, avant nos enfants, et nous sommes chers à son coeur et à celui de heilig Gott, et même si on vit dans un monde du démon où les homosexuels peuvent avoir des enfants (il a crié le mot "homosexuel", ce qui a réveillé mon partenaire de vie), nous vivons aussi dans le monde sacré de Jesus.
Pour finir et sans doute dans l'idée de montrer leur reconnaissance à heilig Jesus, ils ont mangé son corps et bu son sang (ce qui nous a troublé, on croyait que seuls les catholiques faisaient ça et que les évangélistes étaient plutôt protestants et donc refusaient la communion? mystère à éclaircir...).
Nous sommes sortis de là épuisés, troublés et fâchés après le prof de trompette qui nous avait franchement tendu un piège à la con.
En plus, notre fils bien-aimé n'a joué que trois fois une minute, et il s'est planté sur un la bémol qu'il savait récalcitrant.
5 commentaires:
ouais, sacré la bémol.
et t'as retenu quoi, du sermon?
ariana> J'en retiens que je n'ai besoin ni d'être exorcisée ni d'appartenir à une communauté de gens souriants. Je me méfie souvent des gens très souriants, mais je serai d'autant plus vigilante dorénavant.
Bonjour !
Nouvelle venue ici.
En tant que protestante mais ni évangélique ni échevelée (quoi que...) je précise que nous ne refusons pas la communion. Suivant les courants, il est cependant le plus souvent posé comme pré requis que l'on rompt le pain et partage le vin en mémoire de la Cène et pas en pensant que tout ça se transforme.
J'ai souvenir de traquenards de ce genre et je n'avais pas aimé du tout ! Même (et surtout ?) en français !
Ariane> merci pour ta précision! La multiplicité des courants est assez impressionnante, et en V.O. c'est encore plus complexe!
si tu n'aimes pas les gens souriants, tu vas nous adorer, la famille Yibus. Les portes de prison ont rendu leur âme devant nous.
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