lundi 4 juin 2007

Diane de Poitiers (1499-1566)


dianeEntrée à la cour avec un retard tout relatif du fait des égarements politico-stratégiques de son papa, Diane réussit malgré les suspicions à faire valoir sa nature agréable en tant que dame de compagnie de la reine, Claude (vous connaissez sûrement l’histoire de la Reine Claude qui a donné son nom à ces petites prunes jaunes délicieuses, très bien accommodées en groumbel par exemple) (groumbel est le nom en saxon du « crumble » que nous connaissons aujourd’hui ; cet usage étant en vigueur jusque très récemment dans certaines contrées, pour des raisons de cachet historique nous avons préféré conserver ce vocabulaire certes un peu désuet mais si plein de résonance contrapuntique !).
A l’occasion d’un voyage vers l’Espagne, Diane rencontre pour la première fois celui qui n’est alors que duc d’Orléans (enfin, « que », c’est déjà pas si mal), le jeune Henri, qu’elle supplante déjà de son aînesse de vingt ans tout de même, mais maturité associée à galbe parfait sont des mots clés pour une vie, tardive mais méritée, de bonheurs coûteux.
En fait de voyage d’agrément, d’ailleurs, la rencontre a pour l’instant un bien sombre cadre, puisqu’il s’agit d’une escorte vers l’exil qu’Henri et son frère vont subir en tant qu’otages durant quatre ans, le temps que François Ier se décide à payer la rançon.
Déjà là, ça en impose, je trouve.
On dit que cette période, au demeurant pleine de faste et de bien-être car on savait la dignité, et le respect de l’honneur de ses ennemis à cette époque-là, voyez-vous, cette période disais-je, aurait marqué le futur roi de son lourd poids d’airain, lui forgeant un caractère secret et mélancolique, ombrageux et romantique.
Associons à cela la lecture intensive de romans d’amour courtois (Amadis de Gaule, je ne sais pas si vous connaissez) , pleins d’idéal chevaleresque, qui par ailleurs me fascinent également à titre personnel, mais là n’est pas le propos. Point de surprise, donc, de le voir s’amouracher de cette femme que le destin lui désigne comme la dame élue, somptueuse, sportive, pleine d’esprit, de fantaisies verbales et de curiosité intellectuelle, dont le corps ravissant fut immortalisé avec délice par de nombreux peintres de cour : Diane au bain, Diane à la chasse, Diane à sa coiffeuse sponsorisée par Jacques Cœur, une sorte d’ancêtre de Cartier si vous voulez (comme nous la voyons ici représentée, dans cet espace plein de retables baroques, de petits sacs en peau de loutre, et de pierreries éblouissantes).
Convaincue par la festive vaillance de son chevalier idéal, éblouie par ses largesses, et retenue par son indéfectible loyauté, Diane de Poitiers a su marquer l’Histoire, qui le lui a bien rendu en n’ayant jamais oublié ses altiers nichons.
Initiatrice amoureuse, ambassadrice de charme, symbole de la Renaissance à la française, première sur les rangs pour toutes les opérations de prestige nécessitant une brillante légèreté (mécène et amie de Benvenuto Cellini, le Primatice, Du Bellay, Saint-Gelais…), de nombreuses légendes circulent sur sa personne, et sur ses méthodes de coaching physique (elle a tout de même trente-sept ans et quelques enfants quand elle charme le jeune roi, et soixante ans quand elle se retire à la mort de ce dernier en 1559, alors on n’improvise pas dans ces conditions-là, même au XVI ème siècle).
D’après les sources, sa délicieuse poitrine traversant les ans sans coup férir en serait redevable aux bienfaits de bains de lait de chèvre les jours de shabbat, à des cours de musculation abdominale au Moulin du Galant Muguet de Beaumont-le-Vicomte dont les spécificités nous échappent encore, puisqu’il ne reste que très peu de traces écrites à ce sujet, et à un goût immodéré pour le port de parures de joailleries toutes plus exubérantes les unes que les autres (avec une nette préférence pour les colliers dix-huit rangs de perles d’or, que l’on aperçoit dans son coffret d’ivoire, d’ailleurs, sur le tableau présenté). « Investissez dans la pierre, votre poitrine vous le rendra » semble nous glisser la belle Diane, devant son joli miroir de maître dont le socle sculpté évoque sa royale passion, l’œil malicieux, le sourire énigmatique et les mains délicates flattant tout à la fois la jeunesse de son cœur et la préciosité de son destin.

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