mercredi 20 décembre 2006

Menu de Noël #1 (le petit frère)


sapinA moins d'avoir eu l'heur de trouver refuge dans un abri anti-atomique israëlien, vous n'êtes pas sans savoir que Noël approche, avec son cortège de dépenses inutiles, de bêtisiers à la tévé et d'enfants de cinq ans qui ce matin a trouvé les cadeaux que le Père Noël a caché sous mon lit, m'obligeant à lui hurler dessus sans raison mais avec panache le temps de trouver un mensonge gros comme le derrière capitonné de la Mère Noël, pour nier l'évidence en toute impunité.

Ainsi donc, Noël.
Afin de festoyer dans l'indignité la plus totale, buvant plus que de raison à la gloire de Saint Urbain patron des ivrognes et dénigrant pour la énième fois tonton Claude le radin et son épouse qui échappe depuis vingt ans à la camisole de force malgré son engagement politique aux côtés de Jean-Pierre Chevènement, il faut préparer un bon repas familial, c'est la tradition. Et comme toujours, c'est moi qui m'y colle.

Mais attention, ce n'est pas chose aisée, il faut se plier aux névroses de tous, car Noël en famille, c'est sacré.


Notre repas devra par exemple échapper aux convenances les plus simples, car mon frère dont le troisième prénom n'est rien de moins que Pépin, ce qui se laisse savourer, refuse qu'une table soit dressée avec des gens assis autour, devant des assiettes pleines de nourriture. Comprenez que ce n'est pas le plus petit des détails pour l'organisation d'un repas.
Penchons-nous plus avant sur le problème, et réglons-le efficacement.

Au quotidien Il se prend pour un ascète shaolin (il a vingt ans tout juste, comprenez-le), et refuse les repas orthodoxes: il se gave de Prince au chocolat et descend trois litres de lait par jour en regardant Malcolm sur Paris Première, vautré lascivement sur le clic-clac pourri de maman. Il ne s'agit donc pas uniquement de Noël, mais de tous les repas, ce qui rend acceptable l'exigence, d'autant que le foie gras, somme toute, il le mangera.

Le traumatisme originel Notre père était est un cuisinier obèse qui baisait Sophie Etienne, une pute à gros nez, et fantasmait sur les grandes tablées familiales (maman aurait-elle préféré qu'il fantasme sur la pute et baise la table? question intéressante), ce qui explique la phobie de mon frère pour le sexe et les repas à table.

La solution de Noël
Nous bruncherons, donc, de manière informelle, les uns assis par terre, les autres sur le canapé, picorant de-ci de-là quelques agapes à la frugalité quand même discutable, disposées sur la table basse. Ni couverts attitrés, ni succession ordonnée de plats. Lait froid à volonté, aucune évocation d'éventuelle petite amie, et on ouvre les cadeaux en même temps.


Aucun commentaire: