Certes, c’est la rentrée ; eh bien justement, la plage, c’est déjà loin, il est donc temps de revenir en arrière, et de dresser un bilan sur les nichons en vacances.
Pour cela, j’inaugure une nouvelle rubrique, « Sociologie du nichon », qui va, je l’espère, nous apporter à tous beaucoup.
Le fier port du sein arrogant et visible de tous sur la plage est un phénomène bien plus complexe qu’il n’y paraît.
En effet, la morphologie, la capacité d’aisance du port et l’âge du sujet sont autant de détails qui font que l’égalité universelle des nichons devant le décolleté et la nudité n’existe pas. C’est moralement déplorable, nous en convenons, mais il s’agit ici d’exposer les faits, pas de se révolter.
Pourtant, quoi de plus banal qu’un sein ? Après tout, nous en sommes toutes et tous pourvus, avec plus ou moins de bonheur évidemment, mais cet aspect de la question ne devrait-il pas se cantonner à l’intime et au personnel ?
Or il apparaît que sur une plage, par exemple, et c’est le sociologue et directeur de recherche au CNRS Jean-Claude Kaufmann qui s’amuse à nous le rappeler dans son ouvrage Corps de femmes et regards d’hommes (6€) la pratique du topless est strictement et sévèrement codifiée ; le nichon arboré doit répondre à des normes physiques et sociales drastiques (être jeune et ferme, quoique toutefois absolument désexualisé) sous peine d’être considéré comme inadéquat et outrageant.
On estimera le sein blanc mollasson côtoyant le nombril du sujet comme une violation des conventions de la nudité acceptable sur une plage, alors qu’on pourrait croire que cette pratique désormais courante (moi-même, voyez-vous, n’y rechigne pas), symbolise la liberté du corps et le détachement neutre du monde qui l’entoure, car de nos jours, on ne lorgne plus alentour, enfin sans trop d’insistance en tout cas. Parce que si on peut plus mater, bah on se pose un peu là, quoi.
Malheureusement pour vous (parce que moi, ça va, hein !), Jean-Claude Kaufmann ne nous propose pas de solution, ce qu’en revanche s’est permis Pierre Bourdieu lui-même, qui dans un bel entretien au Magazine de l’homme moderne en 1998, n’a pas manqué de souligner l’importance du nichon dans le processus de construction ou de recomposition des identités estivales (sur la plage, le nichon se crée un nouveau moi, facteur majeur conditionnant vos capacités à gagner ou non des concours de décolleté).
Il me semble qu’il cherche à nous dire que le nichon doit lutter pour s’affirmer et ne pas se laisser étouffer par la domination masculine, l’ordre politique et esthétique, et le positivisme, et finalement, tout cela s’intègre à ce qu’il appelle « le paradoxe de la doxa », non ? Qu’en pensez-vous ?
Mon avis, et c’est un avis que vous êtes libres de contester, c’est que Bourdieu a cherché à libérer nos nichons, que le nichon ne doit plus craindre d’être subversif, de bousculer l’ordre établi. Et même si vos nichons sont plats, gigantesques, velus, en chute libre ou pointus, engoncés dans de la toile de jute ou dévoilés au tout-venant, vous avez bien le droit d’en faire ce que vous voulez, surtout si vous passez l’été en Bretagne, soyons honnêtes.
Cependant, l'expérience le prouve, le bikini, c'est bien, aussi!
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